Eh oui ! Nous avons un nouveau projet à vous annoncer.
Le projet SEL est une inspiration libre du conte hongrois « La princesse et le sel », dans lequel une princesse qui dit aimer son père le roi autant qu’elle aime le sel est forcée de s’exiler du royaume. Le texte se veut une réécriture féministe, audacieuse et représentative de la diversité corporelle. Le texte veut aussi mettre en lumière de manière subversive et poétique des enjeux sociaux et politiques importants comme la surconsommation, le patriarcat et la colonisation.
La pièce prend place dans un royaume décadent et boulimique, où il est coutume d’oublier toute émotion négative en mangeant jusqu’à se faire vomir. Adrienn, une princesse irrévérencieuse en surpoids, est la seule personne du royaume incapable de vomir. Elle ne cède pourtant pas sous la pression sociale et va jusqu’à défier son père, le roi, pendant un grand banquet. Heureusement, elle a le soutien de ses deux frères jumeaux, les seuls à ne jamais l’avoir considérée avec dégoût et honte.
Mais lors de l’anniversaire de sa majorité, le père d’Adrienn lui apprend que son prénom veut dire “sel”. La princesse entame aussitôt une quête d’identité qui la mènera vers l’exil de son royaume. Bannie par son père colérique, elle trouvera refuge dans une grotte souterraine. C’est là qu’elle découvrira l’histoire violente de son royaume en compagnie d’anciens esclaves, dont Aranka, son tout premier modèle féminin. Cette dernière marque particulièrement Adrienn avec sa difficulté à traverser une grossesse indésirée. Au retour de son exil, Adrienn exposera les conséquences de la boulimie collective et le mystère du lien entre son nom et l’histoire du royaume.
L’idée de cette pièce mijote dans l’esprit des créatrices depuis longtemps. Tout d’abord, Anne-Marie St-Louis a été consternée d’apprendre dans le podcast Talking Body de Amy Porterfield que 87% des femmes américaines n’aiment pas leur corps et que les attributs principaux des personnages obèses dans la culture populaire perpétuent souvent des stéréotypes négatifs liés à l’obésité et la grossophobie. Elle a amorcé une réflexion sur le corps, la façon dont il est perçu et représenté dans l’espace public, la relation qu’elle a avec le sien. Ces réflexions ont teinté les séances de créations avec l’auteure désignée du texte, Éléonore Brieuc. Les collaboratrices ont pris comme point de départ l’impact que leur relation avec leur corps a dans leur vie personnelle. En est sorti le désir d’écrire un modèle de rôle féminin obèse dans une histoire qui ne tournerait pas autour de son poids. Cette envie s’est combinée à celle d’Anne-Marie de créer une mythologie féminine avec un univers, des conventions et des héros atypiques pour une œuvre à caractère épique de ce que peut généralement présenter une œuvre de ce genre épique. Éléonore Brieuc, quant à elle, aime explorer dans ses textes la violence et la douceur, la poésie et le drame. Tout comme Anne-Marie, elle n’a jamais abordé directement le sujet de la corporalité dans ses œuvres, malgré l’importance de ce thème dans sa vie, aussi formée comme massothérapeute.